FFQ : fausses féministes du québec

Par: Annie-Ève Collin

Il y a quelques jours, Lise Payette est décédée. Une figure importante pour le féminisme québécois, de la génération des femmes qui ont notamment vécu dans un contexte où elles devaient argumenter pour avoir la chance d'aller à l'université, parce que les parents étaient nombreux à considérer superflu d'y envoyer leurs filles et donnaient la priorité à leurs fils. Une femme qui a fait beaucoup pour ses consoeurs et pour les femmes des générations suivantes. 

Et pourtant, pas un mot sur le décès de Lise Payette sur la page Facebook de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) ; pas un mot non plus sur les pages de son président, Gabrielle Bouchard. Qu'un organisme québécois censé être féministe, subventionné par l'État en plus, ne souligne même pas le décès d'une femme qui a eu une telle importance dans les luttes féministes des Québécoises est pour ainsi dire indécent. La FFQ a décidément perdu de vue ses origines, les raisons pour lesquelles elle a été fondée au départ, ainsi que ce que les femmes du Québec doivent aux féministes québécoises des générations précédentes.

Les féministes intersectionnelles semblent nombreuses à s'imaginer que le féminisme a commencé avec elles et à rejeter celles qui ont oeuvré avant elles, dans des conditions beaucoup plus difficiles. Il est relativement facile de militer pour le féminisme aujourd'hui ; il y a même des départements d'université faits exprès pour ça. Ironiquement, c'est grâce à des femmes comme Lise Payette que les intersectionnelles (qui n'ont de féministes que la prétention de l'être) peuvent aujourd'hui aller à l'université en études féministes : sans les féministes de cette génération-là, il serait encore difficile de convaincre nos pères que ça vaut la peine qu'on aille à l'université même si on est une fille.

Lise Payette n'est pas au-dessus de la critique. Personne n'est parfait. Cependant, il y a à mes yeux quelque chose d'à la fois inacceptable et très éloquent dans le silence radio au sujet de son décès sur la page Facebook de la Fédération des femmes du Québec, qui devrait décidément changer de nom...Fausses féministes du Québec est bien sûr une pointe que je leur lance, mais que cet organisme ait au moins l'honnêteté de changer pour quelque chose comme "Fédération des intersectionnelles du Québec". Parce qu'en effet, c'est l'intersectionnalité qu'il représente et défend. 




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