"Oh non, de la laïcité" !

Par: Théo d'Hérouville-Jean-Baptiste

En ce qui concerne la question de la laïcité, devrait-on davantage exprimer notre indignation envers les monopoles médiatiques, ô véritables vecteurs d’un capitalisme qui n’hésite plus à utiliser ce qu’il y avait alors de sacré chez les humains – je parle évidemment de leur âme, fondement de leur individu - ou envers les prêcheurs de la bien-pensance, que nous nommons certains à tort citoyens, nomination à tort du fait qu’eux-mêmes pervertissent les véritables droits que nous autres, laïques, nous devons de réclamer ?  


Spectacle triste ! Mais bel et bien spectacle qui se donne ! Les institutions religieuses n’ont jamais su se déguiser autant qu’aujourd’hui, si bien qu’on oublie qu’elles existent. Est-ce l’égoïsme propre à l’être occidental que d’oublier que sa “liberté” n’existe que grâce aux affrontements du passé ; n’existe que grâce aux victoires futures ; et n’existe donc que par notre combat perpétuel du présent ? Est-ce imprégné d’hypocrisie, attrait des temps modernes, que nous tolérons les signes religieux dans l’espace public, dont le retrait était alors non pas pour blâmer la foi des misérables, mais pour éviter l'emprise des institutions, et que nous observons cette valse provocante d’artefacts dans nos prétendues démocraties, quand d’autres citoyens du monde meurent pour un véritable idéal républicain ?  


Comment continuera-t-on à se montrer complaisant avec ces critiques que nous adressent les grands justiciers d’un individualisme biaisé, qui n'est autre qu’un communautarisme ambient, parasite qui se déguise afin de mieux nous dévorer, nous, corps démocratique de nos nations ? Plus encore, pourquoi devrait-on tout simplement se montrer complaisant ? N’est-il pas venu le temps de la fin des complaisances ?  


Je demande à ceux qui accusent la laïcité de réfléchir davantage leurs propos ; car l’on me répond que c’est parce qu’elle est un principe acquis que sa dénonciation a lieu d’être. N’observons-nous pas les dérives idéologiques d’un système qui n’hésite pas à vendre tout ce qu’il peut ? Un système qui vous enseigne à ne plus avoir de respect envers ce que vous croyez être acquis ; un système allant jusqu’à vous demander d’oublier le chemin parcouru pour de telles acquisitions ; allant jusqu’à vous demander de nier les souffrances du monde ? Un système qui se sert de la féminité et de la masculinité à des fins marchandes ; un système qui se sert de la passion politique de ses citoyens pour mieux les diviser, et qui souhaite semer davantage le doute dans nos individualités plutôt que de nous proposer de véritables repères de construction identitaire ? 


 Le peuple, celui dont je parle et me revendique, est lucide et loin des artefacts ; il subit toujours plus la pression idéologique des médias, des institutions et de ses défenseurs. Nous sommes, comme tous les oppressés, plus que jamais dans notre droit fondamental de s’indigner. Et pourtant, ce droit à l’indignation, on tend à nous le retirer ! On tend même à s’en servir contre nous ! On tend à créer une concurrence des malheurs ; à trouver celui qui souffrirait apparemment le plus et à le préférer à celui qui souffrirait apparemment le moins ! Voyez le malsain de notre époque ! Est-il utile de dire que mon peuple et moi sommes désignés comme les moins malheureux ? Comme l’ennemi commun des “véritables” malheureux, ceux qui accusent la laïcité ? A-t-on déjà vu plus triste ironie ?  


“Raciste ! … Phobe ! Fasciste !” voici comment on nomme mes indignés ! Voici comment on nomme ceux qui de leurs larmes, honorent les terres de nos nations que l’on aime laïque ! Ces pleurs provoqués par le spectacle des voiles, des croix qui dépassent, des autres artefacts et par tout ce qu’ils sous-entendent ! C’est par amour que nous devons de nous battre pour la laïcité ! Ainsi, je vous le demande, mes citoyens, continuez à vous indignez. C’est parce que l’humain est digne qu’il se doit d’être loin des chaines. Ceux-là même qui vous prient d’être conciliant sur les tristes spectacles que nous mentionnons sont ceux qui se cachent les yeux devant l’excision, qui ne pensent pas aux massacres des soi-disant “infidèles”, et qui n’entendent pas le bruit des tueries au nom de la religion ! Et la montée des colères étonne certains ! Ces derniers, que pourront-ils nous reprocher quand nous reprendrons nos rues ? 


Interdit d’interdire ! Voilà ce que les prêcheurs nous répètent, à nous autres, mécréants ! N’entendez-vous pas, en cette lecture, la rage de votre cœur devant tant d’imposture ? La religion institutionnalisée a toujours voulu être déesse d’un monde dont elle s’amuse. Décevrons-nous les morts pour des paradis artificiels ? Il n’y a d’enfer que cet espace public pollué ; et c’est pourquoi il est important que le peuple lucide se soulève, que le peuple lucide s’indigne toujours plus envers les causes de son malheur, envers les tristes inquisiteurs, envers les obscurantistes qui se mêlent à la bien-pensance ! Le peuple mérite un espace public digne, et loin de l’emprise des croyances institutionnalisées ; une dissonance aimée par trop de mauvais conteurs ! Le peuple mérite un véritable forum où idées, coopération, développement s’entremêleront afin de rendre prospère la vie de chacun ; une prospérité matérielle, intellectuelle, émotionnelle et qui elle seule engloberait de véritables profits éthiques ! L’indignation que nous vivons n’est pas, et ne sera jamais, un ennemi commun ! Au nom de la laïcité, il est temps que ceux qui la refusent ne s’étonnent plus de nos réactions ! Au nom de la laïcité, il est temps de confronter l’intolérable ! Au nom de la laïcité, combattons ceux qui s’exclament : “Oh non, de la laïcité” !



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