La faute des "TERFs"?

Par: Annie-Ève Collin

Une personne trans militante du nom de Julie Berman a récemment été assassinée. On a assez peu d'information sur ce qui a motivé ce meurtre. Bien qu'on sache que Berman luttait pour la reconnaissance et les droits des trans, on ne dispose d'aucune information permettant de conclure que c'est la raison du meurtre. On sait que le meurtrier est un homme et qu'il est accusé de meurtre au deuxième degré.


Malheureusement, je ne suis pas étonnée que des gens en aient profité pour blâmer les féministes critiques du genre - qu'ils appellent des féministes transphobes ou des TERFs (TERF est un acronyme pour trans exclusionnary radical feminist : féministe radicale qui exclut les trans). C'est quand même quelque chose : une personne trans est assassinée par un homme, et on dit que c'est la faute des féministes...

Le militant LGBT André Gagnon, entre autres, n'a pas manqué l'occasion de s'en prendre pour la énième fois aux féministes critiques du genre, et notamment à l'organisme Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) sur sa page Facebook. En partageant la nouvelle du meurtre de cette personne trans, il en profite pour suggérer que les féministes critiques du genre se réjouiront peut-être de cette nouvelle, ce qui est parfaitement injuste, compte tenu que jamais une féministe critique du genre, ni Meghan Murphy ni aucune membre de PDF Québec, n'a encouragé la violence envers les personnes trans ni ne s'est réjouie que ça arrive. 



Faut-il vraiment rappeler à Gagnon que la violence contre les femmes aussi est bien réelle, et que ce n'est pas parce qu'il y a des trans de sexe mâle victimes de violence qu'il ne peut pas y avoir aussi des trans de sexe mâle qui commettent des actes violents ? De plus, la sécurité des femmes n'est pas le seul argument des féministes critiques du genre.

Gagnon pousse le ridicule à faire le lien entre ce meurtre et la conférence de la féministe Meghan Murphy qui s'est tenue le 29 octobre à la bibliothèque de Toronto : 



Mais bon sang, quel est le rapport? Quel lien y a-t-il entre dire que quelqu'un n'est pas une femme et le tuer? Dans ses commentaires, Gagnon écrit que les hommes se diront que si une féministe considère que les "femmes trans" (c'est-à-dire les trans de sexe mâle, qui s'identifient comme des femmes) ne sont pas des femmes, alors ils ont raison de considérer que ce ne sont pas des femmes. Permettez-moi de douter que les hommes aient besoin des féministes pour avoir conscience qu'une personne de sexe mâle n'est pas une femme. Et encore une fois : selon quel raisonnement tordu y a-t-il un lien entre considérer que les trans de sexe mâle ne sont pas des femmes et vouloir les tuer?

Une personne trans est tuée par un homme, dont on n'a aucune raison de croire qu'il ait quoi que ce soit à voir avec Meghan Murphy ou avec d'autres féministes critiques du genre, et on blâme ces dernières. On blâme les femmes qui demandent que l'existence des femmes (c'est-à-dire les femelles humaines) soit reconnue, avec les implications qui viennent avec le fait d'être de sexe femelle, que les droits et les acquis des femmes soient conservés, que les intérêts des femmes ne passent pas en second après ceux des personnes trans. André Gagnon n'est pas le seul militant s'identifiant au sigle LGBT (ou encore LGBTQ+) à blâmer les femmes au premier chef, même si elles n'ont commis ni agression ni meurtre.

Une personne trans est tuée par un homme, des militants pour la cause des personnes trans blâment les femmes...et s'étonnent que l'on dise qu'il y a de la misogynie dans leur mouvement.



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