Féminisme et covid-19

Par: Annie-Ève Collin

Si vous rendiez compte, aujourd'hui samedi le 18 avril 2020, qu'on a vandalisé votre voiture, est-ce que vous appelleriez la police en espérant qu'on retrouve la personne qui a violé votre droit de propriété, pour qu'elle paie les frais occasionnés par les dommages à votre voiture? Ou est-ce que vous vous diriez : "On est en plein dans une pandémie, les gens ont d'autres soucis que ma voiture et mon droit à la propriété."?


Si vous étiez victime de harcèlement, que quelqu'un se mettait à vous envoyer des messages de toutes les manières possibles, pour vous dire que vous êtes une vidange humaine qui ne mérite pas d'exister, et à salir votre réputation, ces jours-ci, en avril 2020, est-ce que vous considéreriez ça comme un problème assez important pour vous en occuper et pour interpeler ceux qui peuvent vous aider ? Ou est-ce que vous vous diriez qu'on est en plein dans une pandémie et que les gens ont d'autres soucis que vos droits à vous ?

Je suis sûre qu'à la lumière de ces deux exemples, vous avez parfaitement conscience que ce n'est pas parce qu'on est en pleine pandémie que tous les autres problèmes qu'on peut vivre deviennent sans importance. Ce n'est pas parce qu'on est en pleine pandémie que tout doit être mis en veilleuse, spécialement pas les droits humains.

Et pourtant - sans surprise je dois dire - quand les féministes parlent des droits des femmes, c'est exactement la réaction de beaucoup de gens : "On est en pleine pandémie, là, ça concerne tout le monde ça, alors vos histoires de femmes, laissez donc ça de côté!"

Ce n'est malheureusement pas exceptionnel qu'on demande aux femmes de mettre leurs revendications en veilleuse le temps qu'on règle les "vrais problèmes", ou les "problèmes plus urgents", comme si les droits humains n'étaient pas un vrai problème - parce que oui, figurez-vous que, les femmes étant des humains, les droits des femmes sont des droits humains.

Il se peut que, parmi les revendications féministes qu'on entend ces temps-ci, certaines paraissent plus futiles que d'autres. Il reste que des gens abordent ces revendications avec un biais anti-féministe qui fait en sorte qu'ils les balaient trop vite du revers de la main. 

Je vous invite à simplement partir avec le regard suivant : les droits des femmes sont des droits humains ; personne ne met tous ses problèmes en veilleuse parce qu'on est en pleine pandémie, parce que la vie continue indépendamment de la pandémie ; les femmes non plus n'ont pas à la mettre en veilleuse parce qu'on est en pleine pandémie.



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